La danseuse
Écrit par Thierry Vitart
Un rappel pour ceux qui ont pu vivre cette expérience lors d'une formation, l'observation de la rotation de la danseuse stylisée ci-contre, est un exercice fondateur pour se confronter à la puissance et aux effets pervers de notre perception.
Avez-vous bien regardé la rotation de cette danseuse, tourne-t-elle dans le sens ou bien dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ?
Les plus entrainés et joueurs d'entre vous, face à ce genre de paradoxe perçoivent très vite que la danseuse peut tourner dans les 2 sens alternativement dans une volte-face improbable d'ailleurs !
Cependant, la limite de notre perception ne se situe pas là.
De fait, même si cela prend du temps à admettre, cette danseuse ne tourne pas… Elle effectue une oscillation sur elle-même de quelques degrés… Figure totalement irréaliste mais pourtant effective dans cette animation !
La rotation de la danseuse est une pure construction de notre esprit. La perception visuelle avec le centre de l'œil est très performante pour observer les mouvements rapides, notamment au loin (cellules en forme de cône); les informations sont alors interprétées en direct par notre cerveau pour générer une action, une réponse.
En laissant évoluer la danseuse sur le côté de notre champ visuel (cellules en forme de bâtonnets), notre regard plus flou, laissera apparaître la simple oscillation du personnage de l'animation.
Si je fixe à nouveau le personnage, la rotation reprendra car le regard direct appelle un besoin de cohérence logique de fonctionnement, une scène ou une histoire plausible dans le cadre de nos représentations.
Applications
Quelles informations de mon quotidien sont ainsi régulièrement écrasées par une utilisation systématique d'un de nos talents ? Par exemple, l'œil du touriste dans une ville voit bien plus de curiosités que l'habitué empressé d'atteindre sa destination favorite ?
- En quelles circonstances ce comportement efficace est-il très adapté ?
- En quels contextes me fait-il perdre des informations essentielles ?
- Nos commerciaux, centrés sur leur argumentaire, ne zappent-ils pas les signaux faibles de nos Clients ?
- Dans quel entretien n'ai-je pas vu et compris le point de démotivation de mon Collaborateur ?
- Pourquoi après des années de pratiques professionnelles, je ne vois plus ce qui est nécessaire à mon développement ?
Notre tendance de Responsables, Dirigeants, Managers, Décideurs, à empiler les bonnes pratiques pour être certain "d'être au top", ne nous permet plus de "décaler" notre regard, d'oser sortir de nos schémas mentaux, de prendre le temps de nous arrêter pour voir nos activités, nos équipes et notre quotidien dans ses "angles morts" si riches en informations nouvelles, plus vraies et productrices de valeur.
Comme les géraniums de notre balconnière ont besoin d'être débarrassés de leurs anciennes fleurs pour en générer de nouvelles, nous avons certainement besoin aussi de tourner les pages de nos succès passés pour développer nos talents vers de nouvelles potentialités, sinon elles régressent…
En langage de jardinier cela s'appelle "stresser" une plante. Ce type d'élagage doit être fait avec doigté et différencié en fonction du sujet et de sa maturité; là je m'arrête car mentionner la notion de "stress" alimente de nombreux débats loin de notre projet…